Avec le Huit de Bâton, le treillis de bois atteint l'apogée de son expansion latérale. Les lances multicolores forment maintenant une structure homogène aux forces de cohésion incassables. La passion exaltée atteint son paroxysme. Sous l'impulsion d'une intelligence active que la lumière blanche transmute en esprit, l'échafaudage s'anime réellement sous nos yeux ébahis. Et si ce n'était une simple illusion d'optique, le Huit de Bâton nous téléporterait instantanément dans le désert de Black Rock, au Nevada. La matière se spiritualise par sublimation. Au propre et au figuré, l'embrasement de cette carte élimine le superflu pour ne laisser que l'essentiel. Les fleurs coupées, aux racines noircies, sont d'ailleurs la seule réminiscence d'une matière organique non transformée. Jumelles homozygotes, elles ne diffèrent plus que par le nombre de nervures gravées sur leurs pétales bleus, symboles de l'esprit en éveil sous le bulbe d'une matière réceptive en pleine transfiguration. À gauche, Andromède est en plein émoi. Ses chaînes accroissent la tension sexuelle d'une pause qui n'a, de la soumission, que les apparences. La charge empressée de Persée dont l'épée est sur le point de fendre la gueule du Kraken, nous informe, bien métaphoriquement, d'une tout autre saillie. Et quand giclera le sang de la bête, le Huit de Bâton offrira à ses innocents protagonistes, beaucoup plus que les moiteurs de l'orgasme. D'après "Persée secourant Andromède", Joachim Wtewael (1566 - 1638)