La structure végétale organique du Quatre de Coupe est plus complexe et intriquée que celle de la carte précédente. Les coupes inférieures semblent isolées de leurs homologues du haut. Deux larges pétales bleu foncé et orange séparent les quatre calices, comme si chaque paire suggérait un projet émotionnel distinct. Les larges feuilles sont orientées en direction du sommet vers lequel elles portent manifestement les coupes supérieures. De la racine centrale naissent trois fleurs qui s'engendrent successivement en un bouquet dont l'exubérance s'atténue au fur et à mesure de leur ascension. La pourpre et l'or s'estompent progressivement et le flamboiement initial cède la place aux bleus nuancés du jour ou de la nuit. Dans ce Quatre de Coupe, la passion du début se mue en esprit que la maturité invite à la réflexion. Le feu des premiers émois se transmute en pensées lucides... mais froides et calculatrices. Dans la moitié basse de la carte, les mêmes pétales ressemblent maintenant aux oreilles d'un renard dont les yeux rouges vif sont l'ovale des coupes et dont le museau, prolongé d'une truffe jaune, tire sa petite langue en guise de grimace. De part et d'autre, un couple d'hippocampes se tourne le dos et pourtant, leurs queues s'enlacent. Ils semblent si distants et si proches à la fois. La coupe qu'ils enserrent d'une inséparable emprise est peut-être le socle d'un amour sincère et durable... à moins qu'elle n'en soit le linceul? D'après "Quatre de coupe", Nicolas Conver (1784 - 1833)