Épée
Épée
Après le matérialisme des deniers, l’émotionnalité des coupes et la passion des bâtons, nous pénétrons maintenant l’univers de la raison. En effet, les épées nous entraînent dans les sphères de l’intellect et du mental. Les épées font voyager notre conscience là où certains voient le point culminant de notre humanité. Car le cerveau, circonscrit aux cortex, est encore souvent érigé en siège absolu de notre intelligence. En l’occurrence, dans le « Je pense donc je suis » de Descartes, les épées s’accorderaient volontiers une légitimité exclusive sur toute perception d’existence ou de réalité. Dans un tirage, les épées nous incitent à observer et à analyser notre rapport à la logique, aux idées et aux concepts. Mais aussi à nos facultés intellectuelles et à toute tentation d’en user ou d’en abuser. On dit que certains excellent dans l’art du chantage affectif. Il en va de même de notre remarquable aptitude à manipuler par l’esprit… ou à le laisser nous leurrer. Or, cette dérive est, au même titre que la pensée structurée et structurante, un objet d’attention par excellence que la conscience aiguisée des épées nous permet de discerner. Redevenue raisonnable, parce que ramenée à la stricte complémentarité de sa nature, elle peut occuper toute sa place aux côtés des autres formes de conscience. Sans se soumettre ni dominer.